Associations isiaques d’Occident - Inria - Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2012

Associations isiaques d’Occident

Laurent Bricault

Résumé

Dans cette étude, on fait le point de nos maigres connaissances sur les associations isiaques de l’Occident romain et s’attache, dans un premier temps, à l’épineux problème des pastophores qui, regroupés en collèges, auraient eu pour tâche de déployer “l’étoffe de lin sur laquelle est peinte la déesse (Isis) et tout ce qui est autour d’elleˮ mentionnée par une dédicace de Pergame, du Ier siècle p.C. (RICIS, 301/1202). L’idée est séduisante, mais cette offrande est suivie d’une autre consistant en “trois autres sindônai brillants de blancheurˮ, manifestement des vêtements rituels, comme le traduit L. B. Dans ce cas, la première étoffe pourrait aussi désigner un vêtement décoré, destiné à la statue cultuelle. Le mot sindèn est en effet parfois utilisé pour caractériser un vêtement fin, usuellement en lin . La second point évoque le rôle possible de Sylla au côté des Isiaques, à partir d’une citation d’Apulée précisant que le collège romain des pastophores a été fondé de son temps. Il est aussi rappelé la présence à Délos de quatre gentes (Caecilii, Lollii, Porcii et Sulpicii), que l’on retrouve dans la plus ancienne inscription romaine isiaque, sans doute une liste de dévot(e)s mentionnant un sacerdos Isidis Capitolinae (RICIS, 501/0109). Un certain Marcus Lollius, peut-être un ascendant de Quintus Lollius Rufus cité sur l’épigraphe républicaine, a fait des dons au Sarapieion C délien, comme le prouvent les inventaires de 145/4 et de deux années postérieures. On relève des collèges de pastophores en Occident à Industria (Ligurie) et en Arles (Narbonnaise). À Industria, le culte d’Isis a été introduit par deux riches familles, la gens Avillia et la gens Lollia, déjà rencontrée à Rome. Les Avillii sont connus comme des mercatores commerçant à Délos, aux IIe-Ier siècles a.C., et l’un de ses membres est honoré par un collège qui serait bien celui des mélanophores isiaques (RICIS, 202/0420). En Arles et à Rome, une autre association isiaque était formée par les pausarii, qui, lors des processions portaient les sacra qu’ils déposaient, de temps à autre, dans des reposoirs pour faire une pause (pausa). Il ne faut pas les confondre avec les pausarii mentionnés dans trois inscriptions découvertes récemment à Mayence, dans le temple dédié à Isis et à la Magna Mater. Ceux-ci sont organisés de façon militaire en décuries et doivent plutôt recouvrir des marins de l’armée qui patrouillaient sur le Rhin et ses affluents. Les structures collégiales isiaques étaient peu originales. Elles avaient à leur tête un président, dit patronus, pater ou quinquennalis, parfois explicitement qualifié de “perpétuelˮ. Il était secondé pour la trésorerie d’un quaestor et d’un adlector, receveur des contributions versées au collège. Parfois, les collèges isiaques (appelés collegium, corpus ou sodalicium) sont associés à d’autres, ou unis dans la dévotion de plusieurs divinités. Le terme cultores est aussi employé pour désigner les dévots isiaques, mais nous ne sommes pas assurés qu’ils formaient une véritable confrérie. Les inscriptions ne nous font pas connaître d’associations strictement professionnelles placées sous le patronage d’Isis ou Sarapis, mais il se peut que, par exemple, des nauclères se soient retrouvés, dans les ports, autour des autels d’Isis. Il faut encore signaler que l’on ne connaît pas à l’heure actuelle de collèges d’Isis et de Sarapis. D’un point de vue social, ces confréries regroupaient aussi bien les élites locales que les couches humbles.
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Identifiants

  • HAL Id : hal-01817281 , version 1

Citer

Laurent Bricault. Associations isiaques d’Occident. A. Mastrocinque & C. Giuffrè Scibona (éd.). Demeter, Isis, Vesta and Cybele. Studies in Greek and Roman Religion in Honour of Giulia Sfameni Gasparro, , pp.91 - 104, 2012, 978-3-515-10075-5. ⟨hal-01817281⟩
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