Cette proposition de communication s’inscrit dans l’histoire des idées éducatives en Europe. Elles’attache à montrer comment Guizot les a tissées, en faisant connaître de nouveaux auteursétrangers ou en rappelant d’anciens, pour servir à repenser la finalité et les modalités de l’éducationen période de transition et de mutation socio-politique, au début du 19esiècle en France.

L’originalité de cette recherche est de s’intéresser à un corpus oublié : les Annales de l’éducation, età ses rédacteurs : François Guizot (1787-1874) mais aussi Pauline de Meulan-Guizot (1773-1827).

Cet hebdomadaire est tiré à Paris en 600 exemplaires entre le printemps 1811 et le printemps 1814,avant la promulgation des premières grandes lois scolaires en France. Il est relié en 6 volumes de386 pages chacun.

Alors que le nom de Guizot est associé à la loi de 1833, qu’Hervé Gevaert montre que ce n’est pasle ministre qui a écrit cette loi (thèse, 2017), quel éclairage apporte le choix des auteurs, parfoistraduits de l’allemand, de l’anglais ou du latin sur l’orientation des idées éducatives de Guizot à cetteépoque ? Quels éducateurs, quelles structures éducatives et quels modèles pédagogiques sedégagent des articles réunis dans les Annales avant l’entrée de Guizot en politique ? Quels lienséventuels avec la loi de 1833 ?

La méthode adoptée est l’approche a posterioriste, sans hypothèse initiale, qui cherche à décrirepour comprendre comment les idées se sont tissées au fil du temps. C’est la double herméneutiquede Ricœur (1913-2005), « décrire c’est commencer d’expliquer ; et expliquer plus, c’est décriremieux » (Ricœur, Soi-même comme un autre, 1990), ou détricoter puis retricoter l’histoire des idées,pour reprendre la métaphore textile de Loïc Chalmel (Le Télémaque, 2011, 150-151 ; QuestionsVives, 2016, 141-149).