Prendre la parole sans prendre le pouvoir : réflexivité, discours et interactions dans les assemblées générales anarchistes et/ou autonomes - Inria - Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2018

Taking the floor without taking power : reflexivity, discourses and interactions in anarchist and/or autonomous general assemblies

Prendre la parole sans prendre le pouvoir : réflexivité, discours et interactions dans les assemblées générales anarchistes et/ou autonomes

Résumé

A contradiction arises in anarchist and autonomist movements when anti-authoritarianism encounters the situated power relationships that emerge within any process of political organization. This thesis describes how this contradiction creates a link between the "formalization" of activist general assemblies and the "horizontality" of social relations among participants, as well as how this tension is performed in face-to-face interactions. Establishing a dialogue between French discourse analysis and linguistic anthropology, this project analyses the sociopolitical dimensions of linguistic reflexivity, examining how the interactional order of general assemblies is naturalized and denaturalized. During a four-year period of ethnographic research, I collected three kinds of data: a selection of written texts, notes based on direct observation, and the transcript of an assembly meeting in its entirety. The analysis of this semiotic material shows how the "horizontal-formalist interactional register" - by focusing on domination as access to public speech - transforms and displaces power relationships between participants during those assemblies without, however, abolishing them. At the same time, this register neglects other ways of wielding power through speech. The naturalizing force of the "horizontal-formalist interactional register" is challenged, however, by the fact that the components of the speech event are differentially valued within anarchist general assemblies. Conflicts over the value of particular aspects of the speech event produce and are produced by an ongoing historical process of contestation and evaluation among the different entities composing the anarchist movement, particularly surrounding the question of political organization. As a result of both the valorization of political reflexivity and the strong discursive heterogeneity of metapragmatic discourses about the assembly, practices that denaturalize the speech event remain possible
Partant du constat d'une contradiction, propre à l'anarchisme et à l'autonomie politique, entre antiautoritarisme et émergence de rapports de pouvoir dans les moments où il s'agit de s'organiser politiquement, cette thèse décrit l'institutionnalisation et le réinvestissement en situation d'une association entre « formalisation » des assemblées générales (AG) militantes et « horizontalité » des rapports sociaux. En faisant dialoguer l'analyse du discours française et l'anthropologie linguistique américaine, elle cherche à saisir les enjeux sociaux et politiques de la réflexivité langagière, provocant tout à la fois des mouvements de naturalisation et de dénaturalisation de l'ordre de l'interaction de ces assemblées. Au cours d'une ethnographie de quatre ans, trois corpus ont été constitués : une sélection de textes, des notes d'observations directes et la transcription intégrale d'une AG singulière. Il ressort de l'analyse de ces corpus que le « registre interactionnel horizontal-formaliste », en se focalisant sur la domination sociale en tant qu'accès à la parole publique, non seulement transforme les rapports de pouvoir entre les participants des AG sans les abolir mais délaisse également d'autres lieux possibles d'observation de l'exercice du pouvoir par la parole. Cette force naturalisatrice est cependant contrebalancée du fait que les éléments construisant l'ordre interactionnel des AG sont investis de valeurs antagonistes, antagonisme produit et producteur de l'évaluation mutuelle permanente et historique à laquelle se livrent les unités contestataires composant les mouvements anarchistes/autonomes, notamment sur la question de l'organisation politique. C'est ainsi que sous l'effet cumulé d'une forte valorisation de la réflexivité politique et de l'hétérogénéité discursive qui imprègne toute mise en discours, ici à propos des AG, des effets de dénaturalisation de cet évènement de parole sont également rendus possibles.
Fichier principal
Vignette du fichier
va_Him_aquilli_Manon.pdf (32.68 Mo) Télécharger le fichier
Origine : Version validée par le jury (STAR)

Dates et versions

tel-02519529 , version 1 (26-03-2020)

Identifiants

  • HAL Id : tel-02519529 , version 1

Citer

Manon Him-Aquilli. Prendre la parole sans prendre le pouvoir : réflexivité, discours et interactions dans les assemblées générales anarchistes et/ou autonomes. Linguistique. Université Sorbonne Paris Cité, 2018. Français. ⟨NNT : 2018USPCB130⟩. ⟨tel-02519529⟩
239 Consultations
116 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More