Educational governance in Africa : a socio-anthropology of public partnership action in education in Cameroon
Gouvernance de l'éducation en Afrique : une socio-anthropologie de l'action publique partenariale en éducation au Cameroun
Résumé
The purpose of this thesis is the study of partnership governance in public action in education in Cameroon. It was initially inspired by several fundamental questions on the socio-cultural, economic and political situation of this country : how to understand the considerable gap observed in Cameroon between the importance of the investments made by almost all of its national and international actors and partners education and the extreme precariousness in which most of the population lives, as well as the unemployment which affects so many young graduates? Is it not necessary to review the issue of the match between training offers and the job market in this country? In other words, do the education policies implemented in Cameroon embrace the socio-cultural, economic and political realities of this country? These questions have led us to question the modes of governance of education in this country, and more particularly the place and role (possibly) accorded to the actors and partners of this governance.To do this, we carried out a long-term ethnographic survey based on three main sources of information. A documentary research which first revealed a certain weakness in the scientific work of great notoriety on public policies in general in Cameroon and in the field of education in particular. To compensate for this lack of work on which we could have based our analyzes, but also in the absence of reliable written sources and in large number in a country where oral communication still plays a central role in administrative practices, we conducted 56 semi-structured interviews with education policy actors in Cameroon and conducted numerous participant observations in the Cameroonian educational environment.On the theoretical level, our work falls within the current of the socio-anthropology of public action, the relevance of which, in the grasp of the influences of anthropology and sociology on the current issues of public action in general, allows a better understanding of the complexity of public policy issues in African areas, characterized by the meeting of traditional and modern socio-cultural determinants.This research is structured in three stages. The first part presents its fundamental characteristics : the particular historical, geographical and institutional context in which it was deployed (chapter 1), its theoretical framework (chapter 2) and its methodology (chapter 3). In a second part, we proceed to a long but necessary deconstruction of the categories of “governance” and “partnership” when applying them in the African context, more specifically here in Cameroon. This deconstruction concerns both the scientific categories most often used in international literature (chapter 4) and the public action categories themselves (chapters 5 and 6). Once this deconstruction has taken place, we can, in the third part, propose a better-founded analysis, empirically and theoretically, of the effective modes of government of education in Cameroon, beyond the usual words, concepts or facade political speeches. The research thus highlights the major importance of cultural and historical determinants in the making of education policies in Cameroon, the effective driving forces behind the regulation of the education system behind the use of categories of public action screens that are struggling to mask them (bureaucracy, patronage, abuse of public goods, etc.) and the importance of a neo-patrimonialist conception of power. These elements lead us to propose in conclusion several avenues for improving the government of education in Cameroon.
Cette thèse a pour objet l’étude de la gouvernance partenariale dans l’action publique en éducation au Cameroun. Elle fut inspirée au départ par plusieurs questions de fond sur la situation socioculturelle, économique et politique de ce pays : comment comprendre le fossé considérable constaté au Cameroun entre l’importance des investissements consentis par la quasi-totalité de ses acteurs et partenaires nationaux et internationaux de l’éducation et l’extrême précarité dans laquelle vit l’essentiel de la population, ainsi que le chômage qui touche un si grand nombre de jeunes diplômés ? N’y a-t-il pas lieu de revoir la problématique de l’adéquation entre les offres de formations et le marché de l’emploi dans ce pays ? En d’autres termes, les politiques de l’éducation mises en œuvre au Cameroun épousent-elles les réalités socioculturelles, économiques et politiques de ce pays? Ces questions nous ont amené à interroger les modes de gouvernance de l’éducation dans ce pays, et plus particulièrement la place et le rôle (éventuellement) accordés aux acteurs et partenaires de cette gouvernance.Pour cela, nous avons effectué une enquête ethnographique au long cours fondée sur trois principales sources d’informations. Une recherche documentaire qui a d’abord révélé une certaine faiblesse des travaux scientifiques de grande notoriété sur les politiques publiques de manière générale au Cameroun et dans le domaine de l’éducation en particulier. Pour pallier ce manque de travaux sur lesquels nous aurions pu appuyer nos analyses, mais aussi en l’absence de sources écrites fiables et en grand nombre dans un pays où l’oral joue encore un rôle central dans les pratiques administratives, nous avons conduit 56 entretiens semi-directifs avec des acteurs des politiques d’éducation au Cameroun et conduit de nombreuses observations participantes dans le milieu éducatif camerounais.Sur le plan théorique, nos travaux s’inscrivent dans le courant de la socio-anthropologie de l’action publique dont la pertinence, dans la saisie des influences de l’anthropologie et de la sociologie sur les problématiques actuelles de l’action publique de manière générale, permet de mieux appréhender la complexité des questions de politiques publiques en terrains africains, caractérisés par la rencontre des déterminants socioculturels traditionnels et modernes.Cette recherche est structurée en trois temps. La première partie présente ses caractéristiques fondamentales : le contexte historique, géographique et institutionnel particulier dans lequel elle fut déployée (chapitre 1), son cadre théorique (chapitre 2) et sa méthodologie (chapitre 3). Dans une deuxième partie, nous procédons à une longue mais nécessaire déconstruction des catégories de « gouvernance » et de « partenariat » au moment de les appliquer en contexte africain, plus spécialement ici camerounais. Cette déconstruction concerne aussi bien les catégories scientifiques utilisées le plus souvent dans la littérature internationale (chapitre 4) que les catégories d’action publique elles-mêmes (chapitre 5 et 6). Une fois cette déconstruction opérée, nous pouvons, en troisième partie, proposer une analyse mieux fondée, empiriquement et théoriquement, des modes de gouvernement effectifs de l’éducation au Cameroun, par-delà les mots, les concepts usuels ou les discours politiques de façade. La recherche met ainsi en évidence l’importance majeure des déterminants culturels et historiques dans la fabrique des politiques d’éducation au Cameroun, les ressorts effectifs de la régulation du système d’éducation derrière l’usage de catégories d’action publique écrans qui peinent à les masquer (bureaucratie, clientélisme, abus de biens publics etc.) et l’importance d’une conception néo-patrimonialiste du pouvoir. Ces éléments nous amènent à proposer en conclusion plusieurs pistes pour améliorer le gouvernement de l’éducation au Cameroun.
Origine : Version validée par le jury (STAR)