Des embrouilles à la débrouille : des sorties de délinquance juvénile plurielles et incertaines - Inria - Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2022

From troubles to ressourcefulness : plural and uncertain desistance from juvenile delinquency

Des embrouilles à la débrouille : des sorties de délinquance juvénile plurielles et incertaines

Résumé

Unknown in France until 2012, the desistance from crime refers tothe processes by which people get out of delinquency. It appearedwith the release of two scientific works: one, entitled Les sorties dedélinquance (2012), edited by Marwan Mohammed (a sociologist) ;and the other, Insertion et désistance des personnes placées sousmain de justice (2012), co-directed by Paul Mbanzoulou, Martine Herzog-Evans and Sylvie Courtine (close to criminology). Both publishedat the time when penal reform was being prepared, these works sign,in France, the beginning of a scientific effervescence, and of interdisciplinary debates around this concept. Much of the work on desistance from crime emanates from Anglo-Saxon literature constructedfrom the 1950s. It shows the extent to which a stable and quality socio-economic situation supports desistance from crime - in particularin early adulthood (Sampson and Laub, 1990). Accordingly, in thisstage of life, individuals become involved in sociability networks different from that of deviant peers. It is therefore by gradually reconfiguring their lifestyle that individuals would finally stop their juveniledelinquent practices. At one time, they want to "sit down", "to bequiet", say the young ex-convicts interviewed. But “to land” whereand how? What are the possible fields, partly in terms of social networks, for these young ex-convicts who have accumulated experiences of segregation and precariousness? To understand these longprocesses of juvenile delinquent disengagement, this thesis is basedon forty-three life stories of (ex-)convicts - including thirty-nine,which constitute the main corpus. Aged between 18 and 30 at thetime of the biographical interviews (average of 22.5 years), the respondents (including thirty-nine men and four women) experienced,when they were minors, at least two socio-economic legal proceedings. The interviews were conducted in France, in three different regions: an urban region, on the outskirts of Paris; a semi-urban regionin western France; a more rural region, located in the center ofFrance. All the respondents were involved in multiple “street” delinquent practices: violence, drug trafficking, burglaries, gang rapes,etc., and were, for some of these illegal practices, prosecuted. Due totheir judicialization, and with regard to the differential managementof illegalisms (Foucault, 1975), the majority of the corpus comes fromworking-class backgrounds, and marked by several forms precariousness and relegation: on the territorial level, for those who grew up inlandlocked places; at the family level, through the difficulties (financial, psychological, etc.) experienced by the (ex-)convicts ; finally, onthe school level, for those who have experienced the “back of theclass”. For the analysis, this thesis fits at the crossroads of at leastfour sociological fields: a sociology of deviance (Becker, 1963), a sociology of life courses (Grossetti et al., 2010) and ages of life (Van deVelde, 2008) as well as a sociology at the level of the individual(Lahire, 1998). In this perspective, we are interested, on the onehand, in exits from juvenile delinquency with regard to their plural,dynamic and procedural aspects (Sampson and Laub, 2001). On theother hand, we show how the social fabric, often excluded from workson desistance from crime, permeates these trajectories of delinquent(dis)engagement and makes them so complex. It is, in particular, bystudying the living conditions of (ex-)convicts, the traditional institutions in which they passed, and the encounters they were able to establish throughout their lives that the notions of "complexity” and “plurality” make sense in this work.
Méconnu, en France, jusqu'en 2012, le concept de « désistance » désigne les processus par lesquels les personnes sortent de la délinquance. Il est apparu avec la sortie de deux ouvrages scientifiques :l'un, intitulé Les sorties de délinquance (2012), dirigé par MarwanMohammed (un sociologue) ; et l'autre, Insertion et désistance despersonnes placées sous main de justice (2012), co-dirigé par PaulMbanzoulou, Martine Herzog-Evans et Sylvie Courtine (proches de lacriminologie). Tous deux publiés à l'époque où une réforme pénale sepréparait, ces travaux signent, en France, le début d'une effervescence scientifique, et de débats interdisciplinaires autour de ceconcept. Une grande partie des travaux sur la désistance, qui émaned'une littérature anglo-saxonne construite à partir des années 1950,montre à quel point une situation socio-économique stable et de qualité soutient les trajectoires de sortie de délinquance (Sampson etLaub, 1990). Dans cette logique, en vieillissant et en devenant adulte,les individus s'investissent dans des réseaux de sociabilité différentsde celui des pairs déviants.C'est donc en reconfigurant progressivement leur style de vie que les individus mettraient un terme à leurspratiques délinquantes juvéniles. À un moment donné, ils ont enviede « se poser », « d'être tranquilles », comme le racontent les excondamnés interrogés. Mais « se poser » où et comment ? Quels sontles champs des possibles pour ces jeunes ex-condamnés qui, pour laplupart, ont accumulé des expériences de ségrégation et de précarité ? Pour comprendre ces longs processus de désengagement délinquant juvénile, cette thèse s'appuie sur quarante-trois récits de vied'(ex-)condamnés - dont trente-neuf, qui constituent le corpus principal. Âgés entre 18 et 30 ans au moment des entretiens biographiques(moyenne de 22,5 ans), les enquêtés (dont trente-neuf hommes etquatre femmes) ont fait l'expérience, alors qu'ils étaient mineurs,d'au moins deux prises en charge socio-judiciaires. Les entretiens ontété menés en France, dans trois régions différentes : une région urbaine, à la périphérie de Paris ; une région semi-urbaine dans l'ouestde la France ; une région plus rurale, située dans le centre de laFrance. Tous les enquêtés ont été impliqués dans de multiples pratiques délinquantes de « rue » : violences, trafic de stupéfiants, cambriolages, viols collectifs, etc., et ont été, pour une partie de ces pratiques illégales, judiciarisés. De par leur judiciarisation, et au regardde la gestion différentielle des illégalismes (Foucault, 1975), il s'agitdonc d'une population d'enquête issue de milieux populaires, et marquée par plusieurs formes de précarité et de relégation : sur le planterritorial, pour ceux ayant grandi dans des lieux enclavés ; sur leplan familial, à travers des difficultés (financières, psychologiques,etc.) éprouvées par les (ex-)condamnés ; enfin, sur le plan scolaire,pour ceux ayant fait l'expérience du « fond de la classe ». Pour l'analyse, cette thèse s'inscrit au croisement d'au moins quatre champs sociologiques : une sociologie de la déviance (Becker, 1963), une sociologie des parcours de vie (Grossetti et al., 2010) et des âges de la vie(Van de Velde, 2008) ainsi qu'une sociologie à l'échelle de l'individu(Lahire, 1998). Dans cette perspective, on s'intéresse, d'une part, auxsorties de délinquance juvénile au regard de leurs aspects pluriel, dynamique et processuel (Sampson et Laub, 2001). D'autre part, onmontre comment le tissu social, souvent écarté des travaux sur la «désistance », imprègne ces trajectoires de (dés)engagement délinquant et les rend si complexes. C'est, en particulier, en étudiant lesconditions d'existence des (ex-)condamnés, les institutions classiquesdans lesquelles ils sont passés, et les rencontres qu'ils ont pu établirtout au long de leur vie que les notions de « complexité » et de « pluralité » prennent sens dans ce travail.
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Origine : Version validée par le jury (STAR)

Dates et versions

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Identifiants

  • HAL Id : tel-04525900 , version 1

Citer

Alice Gaïa. Des embrouilles à la débrouille : des sorties de délinquance juvénile plurielles et incertaines. Sociologie. Université Paris-Saclay, 2022. Français. ⟨NNT : 2022UPASU005⟩. ⟨tel-04525900⟩
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