La psychométrie : un système d’évaluation objectif ou subjectif ? - Inria - Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique Accéder directement au contenu
Poster Année : 2017

La psychométrie : un système d’évaluation objectif ou subjectif ?

Résumé

La stricte application des tests psychotechniques pour l’évaluation de potentialités intellectuelles fait régulièrement l’objet de controverses. Historiquement le développement de la psychotechnique a été favorisé pendant l’entre-deux-guerres. A cette époque il était nécessaire d’introduire des procédés de rationalisation dans l’orientation scolaire et professionnelle. Mais une confusion s’est installée entre l’aspect purement utilitaire de ces instruments et leur scientificité apparente ; d’où débats et polémiques. Nous nous proposons d’interroger cette notion d’objectivité qui a permis à la méthode psychotechnique d’asseoir sa légitimité, notamment dans l’esprit de Gould « Il n’est pas de pire suffisance que de croire que l’on est intrinsèquement objectif, ni de conception qui expose davantage à se faire berner ». Cette objectivité des évaluations fondées sur des tests n’est qu’apparente. Essentiellement liée à la conception de ces instruments, et à leur système d’application et de notation elle produit un effet de leurre qui empêche de percevoir la dénaturation de ces instruments quand ils sont mis en pratique. Une confusion est alors prompte à s’installer dans les esprits entre les performances obtenues et la conclusion du praticien en charge de l’examen. Concevoir qu’une conclusion d’examen se réduit à des résultats bruts « expose à se faire berner ». Toute conclusion est l’aboutissement d’un processus décisionnel d’autant plus opaque qu’il est sous l’emprise du pouvoir discrétionnaire de l’évaluateur. Cette nécessité du processus d’interprétation d’une performance à un test apparaît de nature à contrarier, voire contredire, les règles de rigueur et de stricte objectivité de la méthode expérimentale à laquelle se référent les tests psychométriques. Il est donc légitime d’avancer l’hypothèse que la conclusion émise par le praticien ne peut échapper totalement à sa subjectivité. Il en résulte alors un hiatus induisant une rupture épistémologique. Le dévoilement de cette vérité passe obligatoirement par des travaux de recherche. De par leur nature, ils doivent obligatoirement être menés en toute discrétion, en immersion parmi des praticiens exerçant dans des conditions strictement identiques. Cette recherche doit nécessairement s’appuyer sur une enquête statistique de grande ampleur, seule à même de mettre en évidence la dimension subjective affectant les conclusions de ces praticiens. Dès le début de notre carrière de « psychologue du travail » dénommé alors « psychotechnicien », nous avions conçu ce projet. Une opportunité se présenta à nous d’être employé dans les Services de sélection-orientation d’une institution chargée de la formation professionnelle d’adultes. Toutes les conditions requises pour tenter cette étude statistique étaient réunies. Au cours de quatre décennies, nous avons recueilli, de façon anonyme et confidentielle, les données d’environ 40.000 dossiers. L’hypothèse que l’utilisation des techniques métriques d’évaluation engagent la subjectivité de l’utilisateur s’avère validée. Les principes de la docimologie seraient applicables à la méthodologie psychotechnique.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01691246 , version 1 (23-01-2018)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01691246 , version 1

Citer

Jean-Louis Bernard, Jean-Claude Regnier. La psychométrie : un système d’évaluation objectif ou subjectif ?. Mêlées et démêlés. 50 ans de recherches en Sciences de l'éducation, Sep 2017, Toulouse, France. , 2017. ⟨hal-01691246⟩
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